No Thoughts| Alicia

|Butterfly fly away |

Les paupières bougeaient faiblement. On pouvait voir les sourcils se froncer un moment avant de se détendre de nouveau. Le silence régna encore quelques instants puis un fin murmure s'échappa des lèvres rosés. Une main frêle se faufila hors des couvertures pour se poser lâchement sur le front de la demoiselle, ébouriffant sa frange alors qu'elle frottait la peau du revers de la main. Les paupières s'ouvraient lentement pour se refermer, répétant l'opération quelques fois alors que ses yeux tentaient de s'ajuster à la lumière. Ses yeux gris étaient à demi-clos, tentant de chasser les dernières particules de fatigue. Finalement, un petit soupire se fit entendre et la jeune fille se redressa sur ses avant-bras.

Ses cheveux étaient en pagaille, tout comme les couvertures. Elle souleva celles-ci, se glissant hors du lit. S'étirant, elle passa une main dans ses cheveux avant de se retourner vers son lit qu'elle entreprit de faire. Regardant l'autre matelas présent dans la pièce, Harumi vit rapidement que sa camarade de chambre n'était pas présente. Quelle heure était-il ? Sans doute tard. La demoiselle ne s'était pas privée d'une bonne grasse matinée. Elle en avait bien besoin. Après tout, on était le week-end, donc pas de cours. Ah, ce cher week-end...

Se dirigeant vers sa commode, la jeune fille l'ouvrit, choisit rapidement ses vêtements, puis la referma. Troquant son pyjama, elle enfila un simple jean accompagné d'un débardeur ainsi que d'une mince chemise. Une fois habillée, la roussette saisit sa brosse, passant celle-ci dans ses mèches, grimaçant de temps à autres lorsqu'elle rencontrait des nœuds. Habillée, cheveux brossées, accessoires enfilés, la jeune femme était prête à quitter la chambre.

C'est avec un autre soupire qu'elle referma la porte de son petit havre de paix. Là où elle n'était qu'Harumi. Maintenant, elle était représentée par l'une de ses grosses têtes qui avaient réussi à se faufiler dans un monde qui n'était pas le sien, tels des rats s'incrustant partout comme elle avait si bien entendu. Pinçant les lèvres, elle se retourna, admirant les couloirs. L'académie inspirait la richesse et partout où on allait, on pouvait la voir, la sentir. Que ce soit dans les salles de classes, la salle commune ou même encore les toilettes. Partout où elle regardait, elle avait l'impression que les murs eux-mêmes lui criaient au visage qu'elle n'était qu'une tache dans un tableau si parfait.

Serrant les poings, l'étudiante pénétra de nouveau dans sa chambre, ramassa un manteau ainsi qu'une écharpe puis ressortit, marchant dans les nombreux couloirs en fixant le sol. Elle passa un bon nombre d'étudiants, certains l'observant, d'autres l'ignorant. Au moins ce point ressemblait à toutes les autres écoles. Les opinions, où que vous soyez, étaient toujours partagées à votre sujet. Peu importe ce que vous faisiez... Non, en fait, cela non plus ce n'était pas comme dans les autres académies. Ici, tout marchait selon les moyens. Plus vous étiez riches, plus vous aviez une bonne image. Et même si vous étiez le pire des salauds, vous pouvez acheter le silence, acheter l'approbation des autres.

Ici, les étudiants comme Harumi étaient perdus. Les valeurs ne sont pas les mêmes.

La porte s'ouvrit et la demoiselle sortit du bâtiment, enfilant son manteau ainsi que son écharpe. Elle prit quelques grandes inspirations, rejetant la tête en arrière, emplissant ses poumons. Elle resta immobile quelques instants, profitant de la légère brise passagère qui caressait son visage, venant danser avec ses cheveux pour finalement mourir peu à peu. Lentement, elle redressa la tête, observant autour d'elle avant de se diriger vers les jardins. Marcher, simplement marcher. Ça faisait du bien.

Pied droit, pied gauche, pied droit, pied gauche. Peu à peu, les pensées s'envolaient, quittant son esprit qui était maintenant fixé sur ses pieds, les posant l'un devant l'autre. Avançant, marchant, oubliant. Sans qu'elle ne s'en rendit compte, la jeune femme courait. C'est près d'un arbre qu'elle s'arrêta finalement, le souffle saccadé. S'adossant contre le tronc, Harumi reprit son souffle, ses yeux fixés sur ses chaussures. Elle se fichait si quelqu'un l'avait vu, si les gens parleraient d'elle le lendemain matin pour une quelconque raison. Quoique, le tout serait étonnant, mais bon, rien ne la surprendrait de cette école. La moindre chance de ridiculiser quelqu'un est prenable, autant ici qu'ailleurs. Surtout si la personne vous gêne, mais cela, elle en doutait. Qui pourrait-elle gênée après tout ? Peut-être qu'elle réfléchissait trop aussi.

Soupire. L'étudiante ramena ses bras à elle, s'enlaçant pour garder sa chaleur. Elle devait juste cesser de penser. Faire le vide. Oui, le vide.

Quelle heure était-il aujourd’hui ? Ou plutôt à quel heure la jeune fille c’est-elle réveillé ? Elle n’en avait aucune idée également, les montres très peu pour elle si ce n’est quand elle est en cours. Autant pour savoir quelle heure il est et ne pas se tromper de cours que pour surveiller la trotteuse et la grande aiguille pour savoir quand est-ce qu’elle allait enfin quitter les cours pour pouvoir bouger un peu. La jeune Alicia, douce jeune femme qui ressent le besoin de bouger, non pas au point d’être le genre de personne hyper actif. Seulement elle est tellement habituée à marcher, ce déplacé tout en prenant parfois des cours, que rester le cul sur une chaise commençait déjà sérieusement à l’enrager. Seulement là c’était le week-end et contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle n’aime pas gaspiller son temps à faire une grasse matinée durement mérité. Seulement pour la jeune Alicia, quoi de mieux que de sortir de cette environnement pompeux pour certains qu’en allant loin d’ici ?
Difficile d’aller loin à dire vrai puisqu’elle allait devoir rester dans l’établissement et les alentours, autant aux ordres de ces parents que de toute façon elle ne voyait pas trop de qu’elle pourrait faire ailleurs pour le moment. La libération d’esprit par contre ne possède aucune limite de distance et de temps et Alicia compte bien en profiter. Habillé d’un simple jean, un t-shirt, un gilet, un pull manche longue et des mitaines. C’est tout ce qu’elle décida de prendre pour pouvoir lutter contre la température actuelle et bien entendu des chaussures. Elle n’allait pas partir pied nue dans les couloirs, même si ces derniers son nettoyé il n’empêche que sa n’empêche pas certains gosses de riche, ou tout bêtement des riches, de ce comporter comme le premier venu qui crache par terre par exemple. Il existe peut-être une certaine éducation, mais cette dernière rencontre parfois des limites quand les parents ne sont pas derrière et qu’ils sont seulement entre copain, là ou ils ne peuvent pas dégouter les filles qui peuvent éventuellement les attirer.

Ce changeant les idées, la jeune Alicia se dirigea d’un pas sur vers les espaces verts. Après avoir pris un sac contenant le nécessaire don elle pourrait avoir besoin en cette matinée froide. Elle se mit à trottiner tranquillement vers cet endroit vide de monde pour le moment, posant le sac contre un arbre elle continua son échauffement. Oui son échauffement, pas question de ce faire mal d’une manière idiote. S’échauffant sérieusement la jeune fille finie par enlever ces chaussures et ces chaussettes pour sentir l’herbe fraiche sur la plante de ces pieds. Un régal que peu de personne semblait connaître, sentir la verdure bien entretenu chatouiller la plante des pieds à chaque pas la faisait souvent sourire.
L’échauffement terminé elle commença à faire quelques pas de danse, d’abords plutôt dans le mouvement pour garder sa chaleur corporelle avant de terminé par de la danse classique. Combien de temps est-ce qu’elle a dansé ? Encore une fois peut-importe, peut-être qu’il était temps de prendre un truc à grignoter. Son estomac n’est pas réglé à heure très fixe et la demoiselle Alicia préférait largement manger quand elle en avait envie, ou du moins lorsque son estomac le réclamait ce qui pouvait donner des heurs assez étranges parfois.
S’approchant du sac qu’elle avait posé près d’un arbre, remarquant de l’autre côté une jeune fille qui s’y était adossé. Fronçant légèrement les sourcils elle fouilla silencieusement dans son sac pour prendre un carnet et un crayon, y écrivant quelques choses avant de contourner la plante et tapoter doucement l’épaule de cette jeune femme. Attendant qu’elle lève les yeux vers elle pour pouvoir lui montrer le carnet et plus particulièrement ce qui était écrit dessus. L’un des inconvénients d’être muette et de ne connaître personne étant qu’elle ne pouvait pas savoir qui est-ce qui savait parler le langage des signes et qui est-ce qui ne le connaissait pas.

Citation :: "Est-ce que sa va ?"

|Butterfly fly away |

Les bras autour de sa taille, la jeune femme ferma les yeux, demeurant immobile durant un moment. Elle se concentra sur la légère brise, celle-ci l'enlaçant de temps à autres. Le tronc contre son dos, solide, inébranlable. Le silence, calme et reposant. Le brouhaha des étudiants était loin maintenant. Aucun élève n'était présent, la plupart toujours dans l'établissement. Ils finiraient par venir, sans doute dans très peu de temps, mais pour l'instant, il n'y avait personne. Tout était calme, presque harmonieux et peu à peu, sa respiration se faisait un peu plus lente, ses épaules se décrispaient alors qu'elle écoutait la brise, écoutait le silence.

Elle se croyait forte, non, elle était forte. C'est ce que tout le monde lui disait. Harumi, une forte tête, qui se relève à chaque fois qu'elle tombe. Une jeune fille indépendante, qui n'a besoin de personne pour lui dire quoi faire. Elle n'avait pas besoin de conseils, n'avait pas besoin de soutien. Non, c'était elle qui soutenait les autres. Elle était toujours en contrôle et devait le rester, parce que c'est ce qu'elle était. Une jeune fille qui encaissait, qui avalait le nœud dans sa gorge ainsi que ses larmes, qui se relevait et qui avançait. Sans soutien, sans personne.

C'était une jeune demoiselle qui devenait ce que sa mère, ce que les autres voulaient qu'elle devienne. Soit plus charismatique, soit plus féminine et elle le devenait. En fait, 'devenir' est un grand mot. Disons plutôt qu'elle feignait. Car tout était un masque et personne ne connaissait vraiment la petite ballerine. Elle ne se dévoilait jamais entièrement. Par simple peur de déplaire. Et présentement, alors qu'elle déposait sa tête contre le tronc, la jeune femme ne pouvait plus feindre, pas en ce moment. Elle était épuisée de jouer, de prétendre.

Ici, elle ne savait pas quoi faire, ni comment agir. Cette fois, elle aimerait bien que quelqu'un la soutienne, que quelqu'un soit là pour qu'elle puisse dénouer le nœud dans sa gorge. Aujourd'hui, le nœud était trop gros. Elle avait craquée tandis qu'elle admirait ses murs peinturés de richesse. Et puisque personne n'était là, elle devait ravalé le nœud, le serrer au plus profond d'elle. Elle irait mieux, oui. Le nœud remonterait un jour et elle ferait la même chose. Encore et encore.

Emi prit quelques grandes respirations, puis rouvrit les yeux. Tout allait mieux, tout allait mieux. C'était comme un mantra. Mantra qui fonctionnait peu à peu alors que le nœud disparaissait, se cachant pour revenir à l'assaut plus tard. La roussette s'humecta les lèvres avant de redresser la tête. C'est en regardant les alentours que la demoiselle remarqua une étudiante près d'elle, tenant un bout de papier sur lequel une simple phrase, mais oh combien dérangeante pour la jeune fille en ce moment. Elle fronça curieusement des sourcils, posant son regard gris sur la brunette.

Celle-ci dût baisser la tête puisque sa nouvelle interlocutrice était plus petite qu'elle. Ses traits n'étaient pas japonais, c'était facile à deviner. Des prunelles brunes, des cheveux bruns. Elle pourrait paraître ordinaire aux premiers abords, mais devait sans doute posséder un charme facilement remarquable, surtout avec ses traits exotiques. Mais bon, ce n'était pas vraiment important. Ce qu'Harumi se demandait par contre, c'était pourquoi la jeune femme prenait la peine de lui écrire la question plutôt que de lui parler. Peut-être avait-elle une extinction de voix ? Sinon, au pire des cas, elle serait...

Muette ?

Emi porta une main à sa gorge. Elle espérait que ce ne soit pas le cas, étrangement. La voilà à se plaindre de ses soucis tandis qu'une jeune fille possiblement muette se tenait devant elle. La métisse se sentait maintenant mal. Mais peut-être que ce n'était pas le cas non plus alors, il était inutile de paniquer aussi rapidement à ce sujet. Sourire, voilà ce qu'elle devait faire.

Et c'est ce qu'elle fit. Lui offrant un sourire polit, la ballerine balaya la question de la main, lui montrant qu'elle n'avait pas à s'inquiéter à son sujet.

" Tout va bien, mais merci de ton inquiétude. "

Son sourire se fit un peu plus restreint, plus forcé alors qu'elle observait son interlocutrice. La question lui brûlait les lèvres. Ses problèmes, qui avaient refait soudainement surface, s'éloignaient peu à peu alors qu'elle l'observait. Devait-elle poser la question ou serait-ce trop déplacer de demander une telle chose si rapidement ? Peut-être qu'elle ferait mieux de garder sa bouche fermée, d'attendre et d'observer.

" Il fait plutôt beau, non ? C'est une belle journée. "

Autant faire un peu de conversation.

Fronçant les sourcils, la jeune Alicia avait compris ou plutôt sentit que quelque chose n’allait pas avec cette personne. D’ailleurs, est-ce qu’elle l’avait remarqué ? Bien que de manière silencieuse, la jeune femme avait farfouillé dans son sac pour pouvoir prendre son carnet et gribouiller ces quelques petits mots. Allant, sans aucune gêne il faut avouer, déranger cette demoiselle qui ne demandait rien afin de s’enquérir de son état. La jeune fille n’avait pas immédiatement remarqué sa présence d’ailleurs, non vexé elle avait patiemment attendu qu’elle ne relève la tête d’elle-même pour pouvoir la remarquer, ce qui ne tarda pas à être le cas. Ces yeux noisette observant le visage de cette inconnue, autant pour voir si vraiment elle allait bien que pour connaître sa réaction en le voyant lui parler sur une feuille de papier. Voir, il fallait l’avouer, si elle allait se moquer d’elle, la prendre en pitié ou alors faire comme si c’était la chose le plus normal qui puisse exister.
À première vue elle semblait bien le prendre, et ne se semblait pas vouloir lui poser de question pour assouvir sa curiosité qui devait pourtant bien exister. Se contentant de balayer sa question par une affirmation qui semblait sonner creux, faux … Baissant doucement al fille de papier, elle observait son interlocutrice bien plus grande qu’elle. Remarquant le changement dans son sourire, comprenant que sa réponse n’était que pure futilité, sans doute pour ne pas qu’on s’intéresse de trop près à ce qui ne vas pas et qu’on l’oublie. Du moins, c’était l’impression d’Alicia, elle qui avait pris l’habitude de toujours observer les autres et de connaître le comportement humain. Peut-être jamais comme le ferait un psychologue ou un bon observateur, mais il n’y a pas besoin d’être professionnel pour comprendre certains choses.

Fronçant les sourcils, la jeune femme ne releva nullement cette réponse qui sonnait faux à ces oreilles. De toute façon qu’aurait-elle pu dire ? Du moins, qu’aurait-elle eu le temps d’écrire ? Lui rendant néanmoins son sourire la jeune femme regarda à son tour le ciel, remarquant que le soleil avait bien monté depuis la dernière fois qu’elle avait pris la peine d’y jeter un coup d’œil. Cela faisait un moment qu’elle bougeait dans tout les sens et pourtant elle ne se sentait pas si fatigué que sa, sans doute dû au fait qu’elle avait l’habitude des activités sportives, elle qui passe son temps à vouloir bouger un minimum.
Elle tourna son regard vers la demoiselle, la regardant dans les yeux comme si elle voulait percer ce faciès et regarder derrière son faible sourire. Ne cherchant pas à s’en cacher également, à quoi sa servait ? Elle lui montrait qu’elle était curieuse et aussi sans doute qu’elle n’était pas dupe et ne ce contenterai pas d’une fausse réponse. Sans pour autant vouloir la forcer à parler.
Posant la feuille et le stylo sur le sol elle se releva et attrapa la main de cette belle inconnue, la gardant de force entre les siennes si elle tentait de la dégager. Tournant la paume vers le ciel, Alicia écrivit des lettres au creux de sa paume. Les formants avec le bout de ces doigts de manière lente pour qu’elle est le temps de comprendre le tracé, et pour qu’elle arrive à retenir facilement la succession de lettre.

Citation :: "Belle journée qui a commencé très froidement tout à l’heure."

Elle la regarda un instant en levant son visage, son regard ayant été concentré sur la main de cette demoiselle. Lui lançant un léger sourire elle repencha doucement la tête pour pouvoir continuer à écrire lentement au creux de sa main.

Citation :: "Je m’appel Alicia Dorn, et toi ?"