Premier cours.. [ .♦. ]

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Cette nuit n'avait pas été de tout repos. Il avait veillé jusqu'a tard pour apprendre ses leçons, il ne pouvait s'en prendre qu'a lui - même, étant donné qu'il n'avait rien fait ces derniers jours à l'exception de se prélasser sur la terrasse de la cafétéria ou errer dans les couloirs comme en fantôme. Il avait cours dans moins d'une heure, selon son emploi du temps, et sa montre. Pour l'horaire, il n'y avait pas de gros problèmes, étant ponctuel de nature.. Mais pour le moment il était resté dans un couloir. Il avait déniché là un petit coin tranquille où les élèves, comme les professeurs, passaient de temps en temps, mais il y été serein. Alors le garçon s'était assit au sol, portant l'uniforme de l'académie qu'il n'avait pas mit correctement. Sa veste était ouverte, la chemise à demie déboutonnée, sa cravate pendait dans le vide, à moitié défaite. Son pantalon avait l'air d'avoir meilleure mine. Mais nous dirons qu'il ne comptait pas se montrer respectueux tant qu'il n'était pas dans une salle de classe. Il avait passé la plupart de son temps à regarder le tableau face à lui. C'était une belle peinture datant des années trente, une jeune femme à la chevelure de nacre et à la peau de pêche se tenait dans une posture délicate révélant la fragilité de ses traits. Ses yeux émeraude captivaient l'attention du garçon qui ne pouvait détacher son regard de ses iris. L'ornement était u cadre en bois faussement doré, il avait quelques reliefs agréables. C'est ce tableau qui donna de l'inspiration au jeune homme qui se mit à écrire sur une feuille quadrillé, il avait parfois le syndrome de la feuille blanche mais là, ce n'était pas le cas.

Il écrivait sur un ton italique, doux. L'encre, noir de jais, imprimé la feuille avec grâce. Il était compositeur à ses heures, bien que le chant soit plus sa vocation. Il écrivait et écrivait à n'en plus finir, quitte à ce que son poignet se torde de douleur. Mais il eut une étrange sensation, désagréable, horripilante. L'impression d'être observé. Etait- ce ce tableau ou bien quelqu'un qui, malgré le calme de cet endroit, l'avait trouvé ? Yegami se frotta le crâne, remuant ses cheveux qui revinrent en place. Au bout d'un certain temps, sa montre émit un bruit d'alarme, un son pénible. Il l'éteignit et se leva rapidement après avoir rangé ses affaires dans son sac, examinant sous toutes les coutures ce dernier qui semblait prêt à rendre l'âme. Il pourrait au moins résister encore quelques temps. Riche, mais économe, il ne dépenserait pas un sous pour se payer quelque chose qu'il a déjà, sauf si celui - ci est inutilisable. Puis il mit son sac sur son épaule et commença à marcher entre les murs de ce bâtiment. Au fur et à mesure qu'il avançait, il entendait des chuchotements d'autres élèves, bas, vicieux. L'atmosphère était lourd à supporter, tendu. Sachant que tout n'était qu'éclairé que par de faibles lumières, cela donnait un air de film d'horreur..

Yegami quitta rapidement les couloirs pour rejoindre sa salle de classe. Il savait où elle était mais mit quelques minutes pour y parvenir. Il n'avait prêté aucune attention aux autres élèves, il préférait éviter leur regard. Même s'il gardait ses traits tirés par l'impassibilité et le regard perdu dans le vide. Lorsqu'il fut face à la porte, il pu constater qu'il n'y avait personne dans la classe, même pas un chat. Le professeur arriverait sûrement après. Yeh ne se fit pas prier pour entrer. Il opta pour s'installer dans le rang du milieu. Au fond il serait inattentif et regarderait les oiseaux plutôt que d'écouter le cours, devant, il serait mal à l'aise, alors le milieu serait parfait. Profitant de l'absence de toutes personnes, il arrangea sa tenue, boutonnant la chemise, sans fermer le dernier, puis remettre correctement veste et cravate. Il sortit par la suite les affaires qu'il avait précédemment rangées, comme les paroles de sa future chanson. Cela parlait d'une jeune femme, qui, après avoir perdu mari et fils, tentait de les rendre fiers d'elle. Il passa un rapide coup d'oeil sur ses mots puis remit la feuille dans un dossier et sortit les affaires pour ce cours, attendant.

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Tututu…tututu…tututu….tututu..Tututu … Tututu….tututu…tututu…tututu…tututu…tututu…

« Hnnnn grmmn »

Tututu…tututu….Tututu…tut.. SBAF

« Saleté de réveil… » grommela notre cher professeur.

Et oui… Elys ne supportait pas le bruit du réveil. Ce n’était pas tellement qu’il n’aimait pas se réveiller. Oh il y avait de ça bien sûr… Surtout qu’il n’avait pas été très sérieux la veille et il avait été dormir relativement tard. Ce n’était sûrement pas bien et il n’avait pas été très raisonnable. Mais il n’avait pas l’habitude d’être sage le soir en restant sans rien faire. Du coup, il n’avait pas fait attention et avait dépassé la limité qui se fixait pour être quand même apte à se réveiller. Il se tourna dans son lit pour se rendormir ayant mis fin au vacarme incessant du réveil matinal. Il était fatigué et il comptait bien encore dormir. Mais voilà, Elys se connaissait très bien donc quelques minutes plus tard, un autre réveil sonna et cette fois plus loin dans la pièce. Il ne pouvait donc pas simplement le frapper pour s’en débarrasser. Il devait se lever et par conséquent se réveiller. Il se mit alors à râler en mettant le coussin sur sa tête. Que ça pouvait être agressif un réveil…. Une fois qu’il n’en put plus, il sortit de sous le coussin et se leva pour venir éteindre ce réveil qui ne cessait plus. Il s’étira alors en baillant et fila sous la douche histoire de se fouetter un bon coup.

La suite se déroula comme tous les matins : après la douche, l’habillage, la finalisation, puis les affaires de cours. Cette dernière chose lui prenait pas mal de temps car il devait vérifier plusieurs fois ne préparant jamais rien la veille étant toujours occupé à autre chose, ce qui entrainait ainsi du remue-ménage le matin alors qu’il n’était jamais à l’avance. De plus, il prenait toujours une éternité à retrouver ses lunettes qui les trois quarts du temps était sur sa tête. Heureusement qu’il passait toujours pour finir par la salle de bain pour se regarder dans un miroir, il pouvait ainsi les voir et se rassurer de les avoir et de ne pas les avoir perdues entre le moment où il les avait mises sur sa tête et le moment où il les retrouvait. En gros notre professeur n’était pas très doué au sujet de ses lunettes. Personne ni même lui ne comprenait comment il pouvait autant oublier ce réflexe qu’il avait de les mettre sur sa tête. Ca restait un mystère qu’il ne pensait pas arriver à résoudre un jour. Une fois prêt, il regarda l’heure et se rendit compte qu’en fait il était bien à l’heure. Quelle surprise ! Il avait donc le temps d’aller déjeuner tranquillement. Il n’était pas partisan du café, il se contenterait d’un verre d’un lait et de quoi manger. Il quitta la chambre emportant sa mallette de cours et il descendit déjeuner. Il n’y avait pas d’autres collègues présents, il décida donc d’emporter son petit déjeuner dans la classe comme ça il pourrait regarder un peu son premier cours. Il savait qu’il ne risquait sûrement pas de faire grand-chose en réalité. Le premier cours allait surtout concerner une présentation de son cours mais surtout aussi la présentation de ses élèves. Il aimait bien connaitre les personnes qu’il avait en face de lui. Ça allait sûrement prendre du temps. Et puis il voulait savoir quelles étaient les attentes de ses élèves et leur expliquer qu’il était du genre à faire des sorties et découvrir un peu la culture par l’actif et non simplement par un cours de lecture de bouquins. Il aimait la participation et il espérait qu’il arriverait à avoir une bonne collaboration et entente avec ses élèves.

Il se rendit compte qu’en pensant à tout ça il avait dépassé sa salle de cours ! Il sourit amusé et fit demi-tour pour retrouver sa classe. Il n’y aurait sûrement personne vu l’heure. Il pourrait déjeuner avant que les élèves débarquent ainsi. Il avait un peu les mains prises entre son déjeuner, sa tasse de lait et sa mallette. Il mit plusieurs minutes à tout accorder pour pouvoir faire glisser la porte de la classe qu’il laissa ouverte pour plus de faciliter. Il ne fit pas attention tout de suite à une quelconque présence étant persuadé d’être seul donc il se dirigea rapidement vers le bureau de peur de lâcher ce qu’il tenait et il posa sa tasse et son déjeuner avant de poser sa mallette sur le bureau.

« Pfiou… » Il regarda alors la classe et se rendit compte qu’il n’était pas seul « Oh ! Excusez moi ! Je ne vous avais pas encore vu !" il rit un peu. « Bonjour bonjour cher premier élève. ».

Il vouvoyait bien évidemment ses élèves. Il savait qu’une règle pour conserver ce rapport d’autorité professeur-élève c’était de garder le vouvoiement du moins au cours. En dehors, il pouvait se permettre ce qu’il voulait même s’il ne dépassait jamais la limite de l’amitié avec un élève, du moins autant qu’il pouvait.

« Vous êtes bien tôt ? Vous avez déjeuné au moins ? »

Après tout, quitte à être tous les deux, autant qu’ils conversent un peu. Il n’était pas du tout le genre de personne à rester avec une autre dans la même pièce sans n’y prêter aucune attention. Il ne supportait pas ça même. Sauf si évidemment la personne l’envoyait clairement aller tailler des roses.

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Le garçon regardait inlassablement vers la fenêtre, détaillant tout ce qu'il pouvait bien se passer à l'extérieur. Comme les jeunes couples sur un banc jusqu'au garçon solitaire isolé au pied d'un arbre dans la cour. Mais aussi, il regardait attentivement le décor de la classe, comment était positionné les tables, s'il y avait quelque chose sur le sol, comme de la saleté, de la poussière.. Il était un peu perfectionniste mais c'était surtout l'ennui qui le tiraillait. Il releva son nez vers le plafond, appuyant maladroitement son dos contre le dossier de la chaise. Les fantômes de son passé ressurgissaient devant son regard, au début, comme de la brume, puis distinctement. Il n'avait jamais pu faire une croix sur son passé et le jeune homme en souffrait énormement. Il sentait comme un vide énorme en lui, comme un trou dans sa poitrine. Machinalement, il porta sa main à son collier, effleurant le metal de ses doigts, doucement, jusqu'a le prendre clairement entre ses doigts. Il avait envie de ne plus penser à rien, de pouvoir se coucher et se dire qu'il n'aura aucun cauchemar, que son passé n'était qu'un mauvais rêve et que demain tout s'arrangerait. Mais ce n'était qu'une illusion qu'il se créait pour mieux vivre, ou plutôt dire, errer. Sa carcasse bougeait sans réellement être animée, il se contentait de regarder, d'observer de loin sans rien changer à sa vie. Il fit tourner sa bague trois fois autour de son majeur, se balançant sur la chaise au rythme qu'il s'inventait. De l'autre côté, dans le couloir, il entendait des jeune femmes rires et des garçons parler entre eux. Mais ce qu'il entendait surtout, c'était ce silence dans cette salle. Soudain, le monde ne semblait plus avancer, il tournait autour de lui. Mais bien bien vite, il sortit de ses rêves..

Le professeur venait d'entrer. Il portait avec lui.. A manger ? Yeh ne posa aucune question, il se leva poliment de sa chaise, saluant ainsi l'homme avant de se rasseoir. L parfum de la nourriture se porta jusqu'au nez de Yegami qui frissonna sans pour autant laisser paraître quelque chose. Lorsqu'il parla, le jeune homme ne fit que l'écouter pendant un moment, repassant ses mots dans sa tête avant de daigner répondre d'une voix douce mais monocorde, sans vie.

"- Oui j'ai déjeuné, senseï. "

En vérité, il n'avait que très peu manger, comme à chaque fois. Pour en revenir à ses pensées, Yegami n'avait qu'une envie, celle d'exploser en sanglots, de partir loin de tout et de tout le monde, se rendant compte de cette terrible solitude qui entaillait son coeur. Néanmoins, malgré ce petit théâtre intérieur, l'élève se contenta de regarder, encore et toujours, à l'extérieur. Il n'aimait pas dévisager les gens, encore moins un professeur. Même s'il se fichait de la classe sociale des gens ou du rang hiérarchique, il demeurait respectueux.

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Elys regardait une fois son élève, une fois ses affaires qu'il avait posé là comme ça. après il fallait qu'il ait un peu d'ordre. Ce n'était pas quelqu'un de bordélique. Mais il n'était pas maniaque du tout. Il rangeait à ses heures à sa façon. Non seulement ça lui allait mais en plus il retrouvait toujours tout. Il avait acquis cette façon de faire avec Elle. Elle était très ordonnée et à l'époque il n'était pas du tout attention à tout ce qui faisait office de rangement. Elle lui avait donc appris à avoir un juste milieu. Il était ainsi quelqu'un d'ordonné tout en ayant son petit bordel personnel. De toute façon, elle l'avait changé sur beaucoup de points. Mais il préféra ne pas s'attarder sur cette pensée là. Elle restait douloureuse et faisait de toute façon partie du passé. Donc pendant qu'il sortit ses affaires de sa mallette restant toujours debout, il jeta des coups d'oeil à son élève. Il semblait loin. Très loin. C'était étrange de voir un étudiant comme ça tout seul sans aucune personne autour de lui. C'était peut-être le but de l'élève... Du coup il était peut-être de trop à ce niveau là. C'est sûr qu'il n'avait pas pensé du tout qu'il serait avec quelqu'un au cours. Il allait sûrement essayer de parler un peu avec lui et s'il voyait que cela le dérangeait il le laisserait tranquille. Il savait respecter les envies des autres même si ça allait contre sa façon d'être.

Il eut une réponse de son élève. Il avait ainsi mangé. Enfin de toute façon, il n'était pas du genre à manger tout seul dans son coin. enfin c'était son intention en venant dans la classe mais c'est parce qu'il n'y avait personne pour manger ce matin. Il se demandait ce que les autres professeurs pouvaient bien faire. Entre ce professeur plus que désagréable et Aleksander qui à son avis n'était pas du genre à être à l'heure... En parlant de lui, il remarqua que ce professeur et cet élève avaient tous les deux un soucis à l'oeil droit. C'était ainsi la deuxième personne qu'il voyait avec un une cécité partielle. Il n'avait pas une curiosité mal placée mais malgré tout, il se demanda ce qui avait pu entrainer cet événement chez cet élève. IL était quand même jeune pour porter ça... En même temps, Aleksander avait le même âge environ quand ils se sont connus et lui aussi avait déjà cette cécité. Il se demandait quelle histoire pouvait cacher une perte pareil. Enfin il ne le saurait peut-être jamais tant pour l'un comme pour l'autre.

Il regarda son cher élève qui contemplait la fenêtre et sûrement plus ce qu'il y avait derrière que la simple observation de ce bout de verre transparent. Il l'observa un petit moment simplement en chipotant encore à quelques trucs avant de prendre son petit déjeuner et de venir le poser sur le bureau juste devant l'élève en question. Il s'assit tournant un peu sa chaise pour ne pas être dos à l'élève et il lui présenta l'assiette en souriant où il avait mis les nouilles au légumes, la petite soupe miso se trouvant toujours sur le petit bureau où il était assis.

"Alors dites moi, quel est votre nom ? Ca ne vous tente pas de déjeuner avec moi ? "

Il le regarda ses fameuses lunettes toujours sur la tête avec un effet serre-tête qui tirait donc un peu ses cheveux en arrière, dégageant son visage et ses yeux émeraudes. Il ne comptait pas le forcer à manger. Mais il y avait bien assez pour deux sur son assiette pour pouvoir partager. Il devait sûrement en plus avoir une autre paire de baguettes dans sa mallette. Et puis, comme ça il pourrait apprendre un peu plus sur son élève.

"Vous préférez peut-être que je vous laisse tranquille ?"

Il sourit. Après tout c'est vrai qu'il venait clairement de s'imposer et ce n'était pas ce qu'il voulait. Il avait juste cette manie sociale de vouloir connaitre les personnes qui l'entouraient. Enfin pas tout le monde mais les personnes qu'il savait côtoyer encore souvent. Et à vrai dire, cet élève il risquait de le voir encore souvent puis qu'il était son professeur. Du moins minimum toute l'année. Et puis il avait envie de connaitre ses élèves. Il allait passer du temps avec eux, allait sûrement organiser des sorties, il voulait donc connaitre un peu leurs envies et leurs goûts. Peut-être qu'on l'enverrait clairement tailler des roses, peut-être que ce serait mitigé. Il n'en savait encore rien, après tout c'était son premier cours et le premier à long terme. Il espérait donc créer un climat plaisant et agréable et donner un cours de manière à ce que celui-ci soit plaisant pour ses élèves. Il verrait bien avec le temps. Il ne pouvait pas encore dire là maintenant. En attendant, il avait un élève devant lui qu'il regarda en souriant, les sucettes dépassant des petites poches de son gilet masculin situées au niveau du torse, avec parfois un stylo qui perçait à travers celles-ci, et attendant de voir si celui-ci préférait rester seul ou s'il acceptait sa compagnie le temps d'une petit déjeuner.

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Loin dans ses pensées, le garçon ne décrochait pas un mot, il ne faisait pas un bruit. Un bon quart d'heure était passé et aucun élève n'était arrivé. Cela ne le dérangeait pas vraiment d'un côté, il préférait rester seul avec ce professeur qui ne l'embêtait pas. Il avait très peu de souvenirs de ses anciens professeurs ou camarades. Nous dirons qu'avec cet accident il y a un an, il ne se rappelait que des fragments nécessaires à son passé pour qu'il tienne debout. Sans cela, il aurait une vie encore moins ordinaire qu'il ne l'avait déjà. Puis il ferma les yeux, poussant un long soupir qu'il ne fit entendre que de lui - même. D'un côté, il regrettait ce long sommeil calme et paisible qu'il avait eu à l'hôpital, même si ses chances de se réveiller avaient été extrêmement maigres. Ce qui le ramena à la réalité, ce fut le bruit de l'assiette se déposant sur son bureau de bois. Si son corps avait suivit son esprit, il aurait sursauté, mais là, il se contenta de ramener son regard vers le professeur. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'il découvrit ses yeux émeraude. Ils étaient beaux, en vérité, cet homme était beau. Mais aucune réaction dans les traits de Yegami, ni même dans son regard. Simplement un neutre inexplicable. En tout cas, il était bien gentil de lui proposer de déjeuner avec lui, les autres élèves n'auraient jamais osés une pareille folie de peur de se faire jeter. Sauf Anastasia, elle, elle avait osé. Il s'en souvenait, à cette terrasse. Il écouta alors le professeur parler, d'ailleurs, il n'en connaissait lui - même toujours pas le nom. Enfin, pour Yeh, on pouvait l'appelait aussi bien par son nom de famille que par son prénom, ca lui était égal. Lorsqu'il laissa un silence s'installer, il pu entendre le tic tac régulier de l'horloge suspendue au dessus du tableau. Jusqu'a temps qu'il réponde enfin..

"- Yegami.. Yegami Caen. Si, si, je veux bien déjeuner avec vous Senseï. "

Dit - il d'une voix un peu plus douce, sans ton réel dans sa voix. Néanmoins, il décocha un léger sourire au professeur, ne voulant pas trop paraître du genre : je m'en foutiste. Quelque chose le fit sourire un peu plus, mais sur un ton amusé, rieur, pas pour l'homme mais pour lui. Il murmura alors, sur un ton enjoué.

"- C'est drôle.. Je n'ai jamais déjeuné avec un professeur.. Encore moins dans une classe ! "

Mais encore une fois, son côté rieur retomba entre les mains de l'inexpression. Il aurait aimé pouvoir être gaie toute une journée sans même avoir à se poser sans cesse des questions qui le brise. Mais que pouvait - il dire ou faire dans une salle de cours avec son professeur, si ce n'est parler ? Il jeta un oeil à la nourriture, silencieux, à nouveau, ses pensées le rattrapant pour le rendre encore mentalement absent. Il se sentait comme possédé par son esprit et non le contrôler, comme il devrait le faire. Il sortit de son sac, une paire de baguette encore attachée. Il les déposa sur le bureau avant de passer ses mains derrière sa tête, resserrant quelque peu le cache oeil gothique contre son crâne. A chaque fois qu'il touchait les fils de cet objet, il revoyait encore l'accident. Sa tête se couvrait de bourdonnement bruyant, comme si une armée d'abeille se jetait sur lui. Il ne fit que secouer discrètement la tête pour ne pas voir de nouvelles images de ce tragique moment, attendant que le professeur se mette à manger pour en faire de même.

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Elys regardait cet élève au physique surprenant ne pouvant s'empêcher de le détailler un peu physiquement sans pour autant bien sûr créer un jugement quelconque dans sa tête ou alors paraitre insistant. Ce n'était pas une bête de foire et il détestait mettre mal à l'aise. Enfin sauf quand il souhaitait mettre mal à l'aise évidemment. Mais là il voulait plutôt créer une ambiance de communication agréable et surtout un petite déjeuner apaisant. Cependant, le temps s'écoula après sa question et il se demanda si c'était le signe de se taire et de le laisser tranquille. Il n'avait pas fait attention, en plus, au fait qu'il était peut-être étranger. Il savait que cette école en accueillait aussi comme aussi des enfants de classe moyenne. Apparemment c'était une nouveauté dans cette école. Lui personnellement n'était pas étranger et n'était ne faisait ni partie de la classe élevée ni de la classe moyenne. Il avait tout l'argent qui lui fallait pour vivre comme il le souhaitait et il n'en demandait pas plus. Il avait eu la chance de trouver ce boulot qui lui permettrait de très bien gagner mais cela n'avait pas été pareil les trois années précédentes et ça ne l'avait nullement dérangé. Il quitta quand même son passé pour revenir sur l'élève qui était devant lui. Il souriait toujours en attendant une réponse. Il était de très bonne humeur comme très souvent mais il était très surpris par cette neutralité dont faisait preuve cet adolescent. Pourquoi y avait-il cette absence marquée de sentiments chez ce jeune. Enfin il ne le connaissait pas, il ne pouvait pas comprendre, mais ça l'attristait de voir qu'il pouvait déjà ressentir ça alors qu'il n'avait que peut-être que 17-18-19 ans... Il ne savait pas trop mais ça restait un adolescent-adulte. Enfin quand il y pensait, il n'était pas tellement plus âgé mais du haut de ses 26 ans il restait l'ainé et vu son passé, il avait l'impression d'être beaucoup plus âgé que ça mentalement. Heureusement qu'il gardait ce côté humour et amusement qui le rajeunissait un peu.

Son élève lui répondit finalement et il sourit un peu plus à cette voix étonnamment très douce en réalité. Que de contradiction chez ce garçon pourtant encore jeune. Et puis ce garçon lui annonçait une bonne nouvelle. Ils allaient déjeuner ensemble. C'était encore mieux que ce qu'il espérait. Pas qu'il ne s'attendait pas à ce que cet élève refuse, mais il ne voulait pas le déranger.

"Enchanté Yegami-kun ! ...Enfin si je puis me permettre de vous appeler comme ça. Elys. Elys Lahoni. Plus communément appelé Sensei."

Il sourit amusé à cette idée amusante qu'au fond, son nom n'avait pas tellement d'importance car on risquait de l'appeler très souvent simplement "sensei". Ca lui plaisait...Au fond il avait fait des études pour ça et il était enfin arrivé à son but.
Il fut un peu surpris de voir cet air différent sur ce visage tellement fermé. C'est que ça lui allait bien à ce jeune homme de laisser son visage s'exprimer. Il le trouvait plus charmant comme ça. Mais bien sûr ça ne le regardait toujours pas et il écouta la suite des paroles de son cher élève dont maintenant il connaissait le nom et à qui il s'était présenté. Il rit un peu à la remarque de Yegami. Il se rendait compte qu'en fait lui aussi c'était la première fois qu'il déjeunait avec un de ses élèves et il ne se priva pas de le dire également en réponse aux paroles de Yegami.

"Et bien cher élève, je vous annonce que c'est une première pour moi aussi ! Je dois bien reconnaitre que l'idée est assez amusante et surprenante."

Il décida qu'il serait mieux mis s'il mettait sa chaise clairement face au bureau de l'élève pour qu'ils puissent manger convenablement. Il fut de nouveau surpris par le changement trop rapide du jeune garçon pour revenir à son impassibilité habituelle. Mais il se dit qu'il ne fallait pas qu'il se fixe là dessus et que lui reste comme il était. Après tout la situation avait bien réussie à décrocher une autre expression à ce garçon alors pourquoi ne pas se dire que la suite pourrait réentrainer ce changement. Il le regarda prendre des baguettes. Il sourit.

"Je vois que vous avez vos propres baguettes, c'est parfait !"

Il trouvait ça intéressant de regarder le style légèrement gothique de son partenaire de petit déjeuner. Il portait beaucoup de bijoux contrairement à lui qui n'avait qu'une bague unique et encore parce qu'elle avait une signification. Il mit la soupe miso, ainsi que son verre de lait tout à fait inapproprié aux plats mais il aimait ce verre de lait le matin. Il prit ensuite ses propres baguettes. Il commençait à avoir très faim n'ayant encore rien avalé depuis qu'il était levé vu qu'il n'avait pas encore arrêté depuis qu'il avait démarré. Il regarda rapidement l'heure pour voir s'ils avaient encore le temps de manger à leur aise. Il lui semblait que oui. Au pire, si un autre élève arrivait, il se joindrait à eux simplement. Il mit ses baguettes entre ses doigts.

"Je vous en prie, mangez tout ce que vous voulez. Bon petit déjeuner !"

Et il prit la première bouchée des nouilles aux légumes et la dégusta avec envie...comme une deuxième ainsi qu'une troisième. Puis l'envie de conversation lui reprit. Après tout ils étaient seuls alors il pouvait commencer à connaitre cet élève là.

"Alors dites moi ? D'où venez vous et que âge avez vous ?"

Autant commencer par le commencement.

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Comme le monde est petit n'est - ce pas.. Le garçon à l'oeil doré gardait un silence implacable. Son regard se portait sur le plat de nourriture que le professeur commençait à manger, il n'avait pas réellement faim, mais plus pour avoir quelque chose dans l'estomac et ne pas finir à l'infirmerie, il fallait bien qu'il mange à son tour. Alors il détacha ses baguettes et se mit lui - même à déguster le plat de nouilles. En revanche, il s'arrêta vite de manger, non pas qu'il n'avait plus d'appétit, mais il fallait en laisser pour Elys. Le jeune homme reposa ses baguettes sur le côté de la table, parfaitement parallèles. Il était quelque de maniaque parfois, il appréciait que les choses soient rangées à leur place et correctement, que rien ne déborde. A force de réfléchir, de penser à diverses choses, sa tête commença à devenir douloureuse, qui plus est, la pensée de Marie lui fit grincer des dents. Elle fut sa première et sa dernière véritable petite amie. D'où, après cette expérience, il ne se limita qu'au coup du soir. Ce n'était pas une chose qu'il aimait tout particulièrement, mais il pouvait au moins avoir la tendresse d'une femme qui ne jouait qu'un rôle pour se satisfaire et s'en aller en laissant une carte voir un simple numéro de téléphone. Durant ses instants de gloire en tant que chanteur, Yegami avait pu constater que les femmes le regardaient comme jamais il n'avait pu voir ça auparavant. Il était devenu une idole mais aussi comme autre chose.. Il n'avait plus du tout trouvé ça agréable quelques années plus tard. Aujourd'hui il se contentait de chantonner des airs par ci ou par là. Puis il revint de nouveau à la réalité en entendant les questions du professeur, n'ayant pas vraiment fait attention à ses paroles précédentes. Tant qu'il ne concernait pas vraiment son avenir ou lui - même, il était peu attentif.

"- Je viens.. Je suis d'origine Espagnole.. J'ai 19 ans. "

L'Espagne. Une partie de non plaisir. Il sentit ses muscles devenir du béton, son coeur se fendre à nouveau rien qu'a la pensée de cet orphelinat dont il avait été pensionnaire durant un long séjour. Il frôla la bague située à son majeur, la triturant, la faisant tourner autour de son doigt comme s'il s'agissait d'un écrou à une vis. Cette fois - ci, au lieu d'une impassibilité à s'en ennuyer, le visage du garçon se voilà de tristesse. Il se mit à mordre sa langue pour ne rien laisser paraître, mais ce fut trop tard. Son coeur saignait dans son torse. Là - bas, il avait connu beaucoup de monde.. Peut - être trop d'ailleurs. Mais au lieu de rester assis là, bêtement à ne rien faire, à regarder dans le vide comme si plus rien n'exister autour de lui, Yegami se leva lentement de sa chaise, le pendentif de son collier claquant contre son propre torse lorsqu'il fut droit.

"- Merci pour ce repas, Lahoni senseï. "

Regagnant ce pâle silence, il se dirigea vers une des fenêtres de la classe. Sa pompe sanguine semblait vouloir éclater dans sa poitrine comme un ballon d'anniversaire. Le garçon appuya son épaule contre le mur, son regard balayant la cour de récréation comme s'il analysait un tableau.. A propos de tableau.. Il repensait encore à ce cadre dans le couloir, ces yeux dont il avait été captif. Il passa sa main glacée sur son visage déjà blafard. Il se sentait un peu bête d'avoir laissé le professeur à sa propre table, mais il détestait rester en place. Surtout que les chaises écolières étaient très peu confortables. Dehors, le ciel se mit à s'assombrir. Les nuages devinrent noirs et l'orage se fit entendre. Yegami se hérissa alors, il retint sa respiration durant quelques secondes puis relâcha son souffle, créant une vague de frissons dans ses membres. Non pas qu'il détestait l'orage, mais c'était tout comme. Ce dernier était tombé lors d'un de ses concerts et la scène avait pris feu. Il se recula alors de la fenêtre, voyant la pluie s'étaler sur la vitre comme de la confiture, il murmura, inconsciemment persuadé que le professeur pouvait entendre.

"- Quel temps.. "

Invité

S'il avait su que son jeune élève partageait un passé où un amour était douloureux à évoquer et que maintenant il ne cherchait plus cet amour et se contentait des aventures d'une nuit tout comme lui. Mais il ne le savait nullement et il y avait une chance qu'il ne le sache jamais vraiment. Mais dans cette méconnaissance, il ne pensa pas du tout à ce passé. Pour le moment il n'était plongé dans aucune pensée. Il profitait de ce petit déjeuner plus qu'attendu. Certes il n'oubliait jamais vraiment ce passé. C'était impossible et il ne le voulait pas d'où la présence de sa bague à son majeur droit qui était là pour lui rappeler constamment son passé. CE n'était pas une punition. Cette bague était un cadeau et il y tenait comme la prunelle de ses yeux. C'était tout ce qui lui restait d'elle et il ne voulait pas la perdre. Tout le reste, soit elle l'avait repris, soit il s'en était débarrassé. Mais ça n'avait pas d'importance et il ne voulait pas se remémorer tout ça en détail. Cela faisait maintenant un peu moins de 8 ans qu'ils s'étaient séparés. Il avait eu le temps d'encaisser le choc. Et puis, il n'était pas seul donc il n'avait pas spécialement l'envie ni même la possibilité de ne penser qu'à lui, son esprit était tourné vers cet élève qu'il ne connaissait pas et avec qui il désirait faire plus amples connaissances. Il fut surpris que celui-ci ne mange pas plus que ça. Après tout il y avait bien assez. Certes il avait l'air d'avoir faim et il avait faim. Mais il y avait quand même assez pour manger tous les deux et plus que ce que le jeune Yegami avait mangé.

"Vas y servez vous." dit-il en souriant.

Mais le jeune homme ne mangea plus et laissa ses baguettes bien convenablement mises sur le bureau. Il ne comptait pas le forcer à manger davantage et il continua son petit déjeuner seul. Il savoura ses nouilles délicieuses aux légumes alternant avec cette somptueuse soupe miso.La cuisine était très bonne dans cette école et c'était un vrai plaisir de se dire qu'on était logé et nourrit dans autant de qualité. Certes ça ne changeait rien à son esprit et sa façon de voir le monde mais il se disait qu'il avait de la chance d'être engagé dans une telle école de qualitée.
Le jeune répondit ensuite à ses deux questions. Il fut surpris d'apprendre qu'il était espagnol. C'était d'ailleurs très étrange quand l'espagnol était une des langues qu'il apprenait dans son deuxième cours de "langues étrangères". Il fut surpris de voir que ce jeune homme se débrouillait vraiment très bien en japonais. Il était jeune. Peut-être un de ses parents étaient japonais... Il n'en avait aucune idée mais en tout cas, il se débrouillait très bien. Il n'oublia pas de lui dire.

"tu te débrouilles très bien dans notre langue en tout cas."

Il ne continua pas pour lui dire que c'était une langue qu'il parlait aussi parce qu'il le vit commencer à jouer avec sa bague d'un air clairement triste ce qui le surprit. Il se demanda ce qui pouvait bien entrainer autant de tristesse comme ça d'un coup. Peut-être était ce du au fait que son pays lui manquait ? Ou plus simplement quelque chose qu'il ne savait pas lié à l'annonce du fait qu'il était espagnol. Mais cela ne le regardait pas et il ne compta pas poser de questions vu l'attitude du jeune homme. La surprise reprit de plus belle quand le jeune garçon se leva et s'éloigna pour aller se placer près d'une fenêtre. Il se demandait s'il n'aurait pas du poser une autre question que celle de l'origine. Mais il ne pouvait pas savoir...C'était pour lui une question basique des plus primaires lors d'une conversation. Mais il se rendit compte que là ce n'était peut-être pas la première par laquelle il aurait du commencer. Il décida dans un premier temps de ne pas le déranger et il termina son petit déjeuner l'observant. Quel garçon plus que mystérieux. Il sourit à l'idée. C'était surprenant mais ça lui donnait envie d'en savoir beaucoup plus.

Il remarqua que la classe s'était obscurcie et qu'un orage venait d'éclater. Il rangea ses affaires, ainsi que la chaise qu'il avait déplacée pour s'assoir et ramena tout sur son bureau sauf sa tasse de lait qu'il emporta avec lui pour rejoindre l'élève, après avoir allumé la lampe pour éclaircir un peu cette pièce devenue sombre. Il se mit non loin de lui devant la fenêtre pour regarder ce temps, une main en poche et l'autre tenant la tasse. Il but quelques gorgées de lait observant ces gros nuages. Il regarda le jeune élève.

"Ce n'est pas rassurant n'est ce pas ?" Il regarda encore un peu l'élève avant de regarder ses poches de son gilet. Il en sortit une sucette et la tendit au jeune garçon. "Tenez, rien ne vaut une petite sucette bien sucrée pour se remonter le moral qui s'accorde souvent avec le temps."

Il se baladait toujours avec ses fameuses sucettes et en donnait toujours avec plaisir aux gens qui l'entouraient. C'était un plaisir, sans aucune arrière pensée, que de partager son envie et son goût pour les sucettes enfantines. Après tout il n'y avait pas d'âge pour manger ces petites choses. De toute façon, c'était trop tard pour lui pour arrêter. Il avait pris l'habitude d'en manger et il ne comptait pas s'arrêter de si tôt.

"Vous n'avez pas peur de l'orage ?"

Il avait posé cette question en espagnol pour essayer de détendre un peu l'atmosphère étouffante qu'imposait un orage. Il n'avait personnellement pas peur du tout mais il savait que ça pouvait vite angoisser certaines personnes. Et si c'était le cas de son élève, il voulait l'aider pour ne pas qu'il reste dérangé par les colères d'un ciel enragé.

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Se mélangeait - il entre le vouvoiement et le tutoiement ? Cette petite pensée de passage fit sourire le jeune garçon qui regardait pensivement à l'extérieur. Bien qu'il n'aimait pas l'orage et encore moins la pluie, il avait une certaine admiration pour ce décor à la fois sauvage et triste. Lorsqu'il pu apercevoir des jeunes étudiants courir vers l'Académie pour s'abriter, un sourire terriblement cruel se dessina sur les lèvres de Yegami. Un pur sadisme. Ce fut comme dans son regard, une étincelle de folie s'illumina. Depuis un long moment il n'avait pas ressentit ce sentiment, une bouffée d'air gonflant les poumons, un délicieux frisson vous parcourant l'échine.. Mais très vite il se calme en posant sa hanche contre une table, son crâne déposé contre le mur alors que son visage semblait plus expressif, plus mâture mais surtout, moins innocent. Un changement plus ou moins radical.. Il était devenu, pour l'instant, l'homme qu'il avait été autrefois. Un homme sans scrupules, franc à en trop dire.. Oui il parlait facilement le japonais, bien que dans certains domaines encore de cette langue, il avait des soucis. Le père de Tail, le lui avait enseigné avant cet accident. Il en avait gardé quelques bribes mais tentait désesperemment d'en garder le plus possible pour parler avec les autres. Dehors, le temps se gâtait un peu plus encore. La pluie, au début ne fit qu'une bruine douce avant de devenir un réel torrent. Une averse. Les gouttes frappaient contre les vitres avec violence, secouant quelque peu ces dernières. A ce moment, il se réjouissa d'être à l'intérieur, ne voulant même pas penser à la terrasse, s'il y avait été. Il remercia cependant Elys par un sourire pour son compliment sur la maîtrise de la langue japonaise, enfin, petite maîtrise. Il fut d'abord surpris par la proposition du professeur pour la sucette. Mais il accepta, offrant un nouveau sourire plus vivant que les précédents. Il se mit alors à déballer la sucette de son emballage, se mettant à réflechir sur son comportement, son caractère qu'il avait emprunté. Il placa la friandise dans sa bouche, sentant ce goût sucré sur sa langue, il en fut revigoré, ou presque.

"- Je déteste l'orage depuis qu'il a mis feu à une scène.. C'est la dernière fois que j'ai chanté sur une scène d'ailleurs.. "

De nouveau, cette douleur explosive au niveau du coeur. Mais il n'en tint pas compte. Il se devait d'être plus expressif, reprendre ce côté à la fois rebelle et charmeur qu'il avait, avant. Le garçon fit rouler lentement la sucette sur sa langue, cognant ses dents, son palais. Il passa à nouveau les mains derrière sa tête et en retira le cache oeil. Ce dernier tomba entre ses doigts, puis le glissa dans la poche de son pantalon. Une cicatrise traversa son front, entaillant son oeil et se terminant au milieu de sa joue balafrait le côté droit de son visage. Lentement, il dégagea la mèche de devant son visage, découvrant ce dernier entièrement, fin, les traits tirés dans un air de rebelle, de jeune homme. Le contour de ses yeux était étrangement cernés de noir, comme du maquillage, sauf que c'était naturel, il n'en mettait plus. Auparavant si, pour se donner cet air d'anarchiste. Lorsqu'il ouvrit son oeil aveugle, sa paupière réléva un iris argenté. On pouvait voir qu'il été denié de toute vue étant donné ce voile blanc recouvrant le globe.

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Il avait regardé son élève quand il avait parlé mais maintenant il regardait de nouveau à travers cette fenêtre qui se recouvrait de gouttelettes transparentes qui venaient cogner avec force et prévenir de leur présence plus que claire et voyante. Il pouvait lui aussi voir les autres élèves qui étaient malheureusement sous la pluie à ce moment là. Ils couraient tous pour rentrer et cela le fit sourire car c'était toujours amusant à voir et surtout très plaisant de se dire qu'on était déjà à l'intérieur. Quoi qu'il s'était déjà bien amusé à courir pour s'abriter quand le temps frappait et prenait subitement le pas sur les choix d'occupations de la journée. On s'enfermait rapidement quelque part et on s'occupait tout autrement que ce qu'on avait prévu. Après tout qui braverait cette pluie pour suivre absolument son plan. Personne ! Surtout que tout le monde savait que quand ça commençait comme ça, ils en avaient pour des heures à voir la pluie tomber et tremper les terres japonaises. Personnellement il aimait bien observer la pluie et le ciel qui se déchaînait en éclairs lumineux et zigzaguant dans le noir des nuages entassés. Il aimait bien le bruit sonore qui se faisait entendre parfois quand ça grondait. beaucoup aimaient dire que c'était les divinités, les dieux, les déesses ou les multiples autres explications que pouvaient donner un croyant, qui exprimaient leur colère envers l'Homme. C'était amusant à comparer... Certains autres vénéraient la pluie car c'était une bénédiction pour la terre. Lui il ne pensait pas à tout ça. Il aimait simplement les changements de temps qui entrainaient des imprévus, les imprévus faisant clairement partie de sa vie.

Il avait apprécié que son élève semble content de ce mince cadeau qu'était cette sucette. Lui n'arrivait plus à s'en passer. Il n'était pas forcément accro à celles-ci. Mais il ne voyait pas l'intérêt de s'en passer quand il avait envie et il en avait envie souvent. Ce n'était pas sa faute après tout, ce n'était pas lui qui avait demandé à goûter on lui avait offerte la toute première. Peut-être que si on ne l'avait pas fait, il n'aurait jamais connu ces sucreries divines et peut-être qu'il ne passerait pas son temps à vérifier qu'il en a toujours dans sa chambre pour remplir les poches de son petit gilet masculin chaque matin. Certes il ne pouvait pas en mettre énormément mais rien ne l'empêchait de retourner dans sa chambre en cours de journée entre deux cours pour pouvoir en reprendre. Et puis il avait compris au fur et à mesure de l'expérience que les gens aimaient bien se voir offrir des sucettes, donc c'était un plaisir pour lui de partager celles-ci. Maintenant qu'il gagnait super bien sa vie, il pourrait en acheter pas mal des sucettes... Même si son argent ne servait pas qu'à ça bien sûr.

Il regarda l'étudiant quand il se mit à parler. Il ne comprit pas vraiment tout de suite mais avec les dernières paroles, il peut comprendre que la scène en question était sûrement une scène de spectacle et que cette scène avait brûler à cause d'un orage. C'était quelque chose de rare mais c'était probable puisque cet élève en était la preuve vivante. Il allait poser une question après un instant mais il fut surpris de voir que son élève enlevait ce cache oeil esthétique. Son air encore normal pris une tournure des plus sérieuses quand il fit la découverte de cette longue cicatrice et de cet oeil désormais en quelque sorte mort. Cette pupille argentée, belle mais vide. Ce regard qui ne verrait plus jamais rien. Cela le toucha... C'était rare qu'on arrive à le toucher si vite. Il n'était pas du tout quelqu'un d'insensible. mais il écoutait beaucoup et aidait beaucoup sans être forcément touché comme il l'était en cet instant. Comment pouvait-on être si jeune et porter une telle marque ? Certes, lui même avait eu une cicatrice intérieure ayant vécu la pédophilie et le viol. Mais le temps avait atténué cette cicatrice et vu son caractère il était presque sûre qu'elle disparaitrait avec le temps, contrairement à l'amour perdu. Mais cet enfant, adolescent, ne pourrait jamais faire partir cette cicatrice. Tous les jours le miroir lui révèlerait ce passé, cette douleur qu'il avait subi et cette perte qu'il le rendait à moitié aveugle. Il comprenait alors qu'il y ait de quoi détester l'orage.

Il s'approcha un peu du garçon et vint doucement caresser son front, la peau qui n'était pas marquée, repoussant encore un peu les cheveux pour apercevoir l'entierté de la cicatrice. Il l'avait touché délicatement pour ne pas l'effrayer ne sachant pas s'il pouvait vraiment. C'était étonnant comme cet oeil fermé était abîmé mais comme une fois ouvert il était intriguant. Il ne le regardait pourtant pas avec curiosité mais simplement avec sérieux et douleur pour cet adolescent.

"Je suis...honoré de pouvoir voir cette douleur que tu transportes. Je sais à quel point ça doit être difficile pour toi."

Il ne le vouvoyait plus. Il n'aurait pas été capable de le faire en cet instant. Il se sentait dans une bulle subite avec cet élève qui venait de partager une partie de son passé et pas la moindre. Il relâcha doucement les mèches qu'il avait encore écartées pour ne pas gêner davantage ce garçon. Il ne put s'empêcher pourtant de poser délicatement une main sur la tête de ce jeune homme et le la faire glisser pour caresser ces cheveux particuliers laissant ensuite une longue mèche glisser entre ses doigts doucement.

"Serait ce déplacé de te demander comment c'est arrivé ?"

Il ne voulait pas se montrer curieux de manière déplacée. D'ailleurs il n'en voudrait nullement à ce garçon de ne pas lui en dire plus. Mais le simple fait qu'une scène brûle ne pouvait pas entrainer une telle cicatrice. Il y avait du avoir un accident en plus. Quelque chose qui lui apporta cette marque définitive et indélébile. Il avait en plus appris que cet adolescent était chanteur aussi avant. Peut-être ne chantait-il plus en public depuis lors. il était surpris lui même de se poser autant de questions sur le sujet. Mais il ne comptait pas les poser s'il voyait qu'il dérangeait le garçon. Ce n'était pas son but et il ne voulait sûrement pas mettre mal à l'aise celui-ci qui lui avait déjà offert une révélation plus qu'intime. C'était un acte courageux qu'il avait fait. Peu de personne serait capable de se livrer ainsi et ça méritait un respect fort et palpable. Il le ressentait déjà bien sûr mais il voudrait que le garçon le perçoive aussi.

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Il semblait tellement plus calme. Ce professeur était quelqu'un de touchant et attentionné. Yegami eut une sorte d'étrange sensation. La sensation d'avoir déjà vu une scène comme celle - ci. Non, de l'avoir vécu. Ou presque. Cet homme avait un comportement paternel mais aussi autre chose, il se refusait à croire que c'était de la pitié. La pitié était une chose qu'il n'appréciait pas. Bien qu'il aimait particulièrement que l'on s'occupe de lui, il espérait de tout son coeur que son professeur n'éprouvait pas de la compassion à son égard. Il doutait fortement que Lahoni est vécu ce genre de chose sur une scène. Mais après tout, il ne pouvait lui en vouloir. Il fut bien surpris de sentir la main de l'homme, ses doigts caresser la peau de son front, cette cicatrise douloureuse à porter. Néanmoins.. A l'extérieur, lorsque le ciel laissa alors un léger silence règner, un déchirement suivit d'un grondement se mit à retentir. Instinctivement, lorsque Elys déposa sa main sur sa tête, Yegami vint se blottir aux creux de ses bras, le coeur battant la chamade, les yeux écarquillés de peur, le visage encore plus blanc qu'auparavant. A ce moment là, même s'il était plus pâle qu'un mort, ses joues se s'empourprèrent d'un rouge bordeaux, abaissant les yeux vers le sol en reculant doucement du professeur. Sûrement avait - il été grossier sur l'instant mais il avait réagit selon sa peur, son angoisse. Yegami ne savait plus vraiment où donner de la tête. Déjà, il se devait de répondre à la question de Lahoni. Alors, lentement, Yeh ôta sa propre sucette de sa bouche pour s'adosser contre le mur, préférant regarder dehors que d'expliquer en regardant l'homme dans les yeux. Mais, en revanche, il alluma son mp3 pour mettre un écouteur dans l'oreille de Elys, mettant une musique terriblement calme et triste. Celle - ci. Et c'est sur un ton de même air que cette musique, qu'il entama..

"- Ce jour là.. Il pleuvait.. Je comptais me rendre en forêt... J'étais heureux, j'avais reçu une superbe voiture de la part de mon père adoptif, alors j'ai voulu l'essayer.. J'ai emprunté l'autoroute.. J'avais envie de frimer à l'époque, alors j'ai appuyé sur l'accélérateur, jusqu'au plancher.. J'ai détourné le regard sur le siège passager car j'avais cru y voir quelque chose, une ombre, enfin, je ne sais plus.. Rien qu'une fraction de seconde !.. Et il fallut cette unique fraction pour qu'un animal traverse la route.. Lorsque j'ai voulu freiné en déviant le volant, la pluie a fait glisser ma voiture.. Celle - ci a fait des tonneaux.. En réouvrant les yeux.. La voiture était couchée sur le flanc, je le savais puisque.. Mon épaule touchait le sol sur des morceaux de verre brisé.. Mon bras était transpercée par une barre métallique.. - Il effleura le bras de Lahoni, au même endroit -... Et je ne voyais plus rien des coulées rouges... La musique, que vous écoutez, tournait encore en boucle dans la voiture.. C'est sur celle - ci que je me suis endormie pour me réveiller un an plus tard.. Il y a quelques mois, donc.. "

Il sentit alors un immense chagrin le prendre au coeur, lui arrachant un soupire de douleur. Il du inspirer une grosse goulée d'air pour ravaler ses larmes. Yegami retira doucement l'écouteur et éteigna le mp3 qu'il replaça dans sa poche. Il n'avait mentit sur rien, mais il n'avait pas tout dit non plus. S'il ne gardait plus de mystère, ce ne serait plus drôle. Et il refusait que Elys se mette à le juger. Il tripota mécaniquement le collier pendu à son cou, son regard cherchant quelque chose pour se poser. Il opta alors pour la poignet de la fenêtre. Il ne la détailla pas, trop perdu dans ses pensées pour pouvoir parler à nouveau. Dans son ventre, son estomac était noué dans de terribles noeuds, sa gorge, elle, ressemblait plus à une tête d'épingle intérieurement. Yegami se frotta la joue, nerveusement, son oeil aveugle semblant plus triste encore que le " vivant ". Soudainement, le monde semblait ridiculement petit. Il attendait une réaction, quelconque de la part du professeur, mais qu'il réagisse. Déjà qu'il craignait qu'il ne lui en veuille pour tout à l'heure.

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Elys attendait de voir s'il devait laisser en paix ce garçon déjà beaucoup tourmenté ou si ça question pas trop déplacée pouvait avoir une réponse. Dans sa tête tournait cette cicatrice signe de douleur. Mais le ciel fit des siennes et dans un bruit sonore et fort, un éclair éclairci le ciel et tonna de manière imposante l'obligeant lui à regarder par la fenêtre face à cette surprise. Mais son regard ne se détourna qu'un instant car un corps chaud et tremblant venait de le heurter non violemment se collant à lui. Il regardera alors Yegami ainsi effrayé par ce tonnerre venir tout contre lui simplement pour chercher un peu de réconfort, quelque chose qui pourrait lui permettre de ne plus avoir peur. Cet adolescent avait vraiment quelque chose d'attachant. Il se sentait naturellement protecteur pour le protéger de toute cette frayeur qui émanait de cette petite personne. Il voulait l'aider, l'apaiser et il essaya le prenant doucement dans ses bras revenant caresser délicatement ses cheveux longs et lisses. Si seulement il pouvait être sûr que sa présence entrainait un bien fait pour ce jeune garçon. Il voulait bien appeler quelqu'un d'autre s'il voulait, une personne de confiance. Mais peut-être n'était-elle pas disponible pour qu'il l'ait trouvé seul attendant que le cours commence ? Il ne savait pas mais il se posait beaucoup de questions sur ce garçon aux premiers abords renfermés et solitaires mais qui renfermait une tristesse infinie et une peur palpable face à la situation actuelle.

Il remarqua qu'en réalité au lieu de l'aider, cet acte instinctif de recherche de protection n'avait entrainé chez le garçon qu'une gêne de s'être laissé emporter ainsi et des rougeurs légères sur les joues si blanches et pâles. Il hésitait sur comment réagir. Peut-être que c'était ses actes à lui qui gênait Yegami. Il n'aurait peut-être pas du le câliner doucement ou le prendre dans ses bras. C'était peut-être déplacé, il n'y avait pas pensé. Il voulait juste se montrer présent pour cet adolescent et lui aussi avait agit naturellement. Comment la raison pouvait dicter les actes dans une situation où les sentiments prenaient clairement le dessus. Mais le jeune homme ne sembla pas s'attarder la dessus et il s'adossa contre le mur après lui avoir mis un écouteur dans les oreilles. Il ne comprit pas vraiment pourquoi mais il écouta sans rien dire tant la musique que l'histoire qui lui fut racontée ensuite. Alors comme ça ce jeune homme avait subi un accident qui non seulement lui avait fait perdre la vue, du moins pour un oeil, mais l'avait également plongé dans un coma profond pendant un an. Un an...Il y avait de quoi être bouleversé en se réveillant. Certes ce n'était pas comme ceux qui se réveillait vingt ans plus tard. Mais pour une jeune de cet âge, le moment où il commençait à s'assumer, à avoir de l'assurance, un vécu social plus ou moins sûr et stable mais toujours en évolution, perdre tout ça pendant un an, il y avait de quoi en vouloir à cet accident. Mais c'était aussi rattrape malgré tout. Il avait certes subi quelque chose de grave, tant pour l'absence de "vie" pendant un an comme la cécité partielle mais il avait encore toute la vie devant lui car il s'était réveillé. Il avait eu cette chance. Alors il fallait qu'il retrouve le sourire pour apprendre à continuer et à avance. Il savait que c'était dur. Lui aussi avait du avancer en se forçant à ne pas rester dans son passé. Certes il avait été aidé...mais s'il pouvait il aiderait aussi Yegami. Il savait très bien que c'était quelque chose de lourd à porter. Il ne voulait nullement insinuer qu'il manquait de volonté. Elle n'avait rien à faire là dedans. En fait, ce jeune garçon avait simplement besoin de soutien et d'aide pour évacuer cette tristesse omniprésente qui l'empêchait de profiter des joies de la vie. Peut-être avait-il quelqu'un de proche. Il ne savait pas. Mais il se disait qu'il pouvait aussi veiller de son côté à égayer certains moments que passaient l'adolescent.

Il s'approcha de lui et il le prit naturellement de nouveau contre lui le serrant doucement et venant poser une main sur sa tête. Il avait reprit un petit sourire doux sans perdre ce sérieux qui le caractérisait depuis que l'adolescent s'était livré à lui. Il caressa doucement ses cheveux un petit moment. Il voulait d'abord l'apaiser un peu, lui dire qu'il n'était pas tout seul en ce moment de solitude intérieure. Car oui les souffrances de notre passé, on les portait très souvent seul car ça faisait partie de notre histoire et de nulle autre. C'était donc une obligation. Mais on pouvait néanmoins être entouré pour juste pouvoir supporter le poids de son passé.

"Merci d'avoir répondu. Je sais à quel point cela a été dur pour toi d'en parler." Il le serra un peu plus puis il le regarda et caressa doucement sa joue. "Il va falloir que tu apprennes à reprendre goût à la vie. Je sais que ça risque de ne pas être facile mais je vais essayer de t'aider d'accord ? Il ne faut pas que tu restes seul à ruminer sur cet événement. Dorénavant si tu as envie de voir quelqu'un ou encore de faire une activité et que tu n'as personne sur le moment avec toi, tu viendras me chercher. D'accord ? Ou simplement si tu as besoin de quelqu'un à tes côtés. Tu as un deuil à faire et une vie à reprendre." Il lui sourit doucement avant de l'attirer à nouveau contre lui. "Je vais t'aider autant que je le peux."

Ce n'était pas de la pitié, il ne le jugeait pas non plus, il ne faisait rien de tout ça. Ce n'était pas un acte héroïque, pas une bonne action qu'il se sentait obligé d'accomplir. Non. Il comprenait la solitude et la douleur et il savait qu'on avait besoin d'un entourage présent et sur qui on pouvait compter. Lui il avait eu l'amour de sa vie puis Aleksander qui étaient tous les deux arrivés à des moments difficile de sa vie et qui l'avait aidé à avancer. Il espérait arriver à aider Yegami à son tour. Lui apporter une présence en qui il pourrait avoir confiance et sur qui il pourrait compter. Il n'avait pas la prétention de dire qu'il y arriverait. Juste il espérait pouvoir aider l'adolescent du mieux qu'il pourrait pour qu'il reprenne goût à la vie et à ses merveilleux côtés.

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[ HP : Tu m'as mis les larmes aux yeux Premier cours.. [ .♦. ] 544509

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Yegami n'écoutait plus vraiment les sons des alentours. Il était comme absorbé violemment dans son passé, une spirale infernale dans laquelle il vivait depuis qu'il s'était reveillé. Dans ce sommeil prolongé, il avait rêvé d'une autre vie. Enfin, pas exactement. Dans ce rêve, il s'était réveillé parmi ses amis, les membres de son groupe. Bien évidemment, toute une suite s'était déroulée. Et alors il s'était réellement réveillé, il n'y avait qu'une infirmière aux cheveux blonds, terne, à son chevet. Elle s'était occupé de faire un bilan de sa santé. Jamais plus il ne vit son entourage comme avant, ce rêve, bien qu'insignifiant en quelques sortes, l'avait bouleversé, autant dans son âme que dans son esprit. Ce fut un soulagement de savoir que le père de Tail, un membre de son groupe, l'avait inscrit dans une académie, loin de tout. Mais lorsqu'il apprit que Kami allait venir, c'était une déception car lui aussi, avait fait partie de ce rêve. Ou plutôt, un véritable cauchemar. Puis les mots d'Elys traversèrent son esprit, il écouta sans rien dire. Pour tout remerciement, une fois ses phrases closes, il lui souria avec une douceur sans vie. Son regard se perdait dans le lointain, il cherchait un appuie qui n'existait pas. D'un côté, il remerciait silencieusement le professeur pour être là. Il ne savait pas comment considérer cet homme. Un père ? Un ami ? Il ne cherchait pas réellement à savoir. Yegami était déjà heureux de pouvoir se serrer contre quelqu'un sans qu'il n'y est une quelconque arrière pensée. Il ne pu empêcher de sentir le contour de ses yeux le piquer, comme des petites aiguilles. Puis un sentiment de chaleur, et le froid. Des larmes naquirent lentement mais ne coulèrent pas. Il ne voulait pas paraître ainsi, même si pleurer faisait du bien, même s'il aurait pu soulager sa peine dans les bras de Lahoni.

Yegami avait de la chance d'avoir ce jeune homme à ses côtés, même si ce n'était que l'espace d'une heure, ou de quelques minutes. Il était aussi content de pouvoir compter sur lui si quelque chose n'allait pas, et même si, il avait juste envie de lui parler de tout et de n'importe quoi. L'élève ne fit que se blottir dans les bras de son professeur, les yeux clos, soupirant d'aise, sentant alors ce poids se lever, un nouveau poid, plus lourd. Il s'était enfin confié. Même s'il avait dit ça l'air de rien, il ne l'avait jamais dit car personne n'avait prit le temps de l'écouter. Puis, lentement, il se détacha de Elys, lui décrochant un tendre sourire. Il glissa sa main dans sa propre poche et en sortit le cache oeil qu'il remit, soulevant sa mèche noire pour le positionner correctement. Il rattacha ainsi le cordon derrière sa tête, remettant quelques cheveux par dessus pour dissimuler la corde ébène. Une fois cela fait, il releva son visage et regarda Elys, puis l'extérieur. Le temps n'était pas décidé à se calmer de si tôt. Enfin, ce n'était pas très important.. Il était eu chaud, à l'intérieur du bâtiment. Il se posa doucement et à nouveau contre le mur, son visage semblant plus egayé qu'avant, que depuis l'heure où il avait rencontré Elys pour la première fois. Que devait - il dire ou faire à présent, il se le demandait. Les autres élèves n'étaient toujours pas arrivés. A croire qu'ils en avaient oublié qu'il y avait cours. Puis, d'une voix légèrement touchée, il lui rétorqua.

"- J'espère ne pas être une gêne.. "

[HS : Qui voudrait gâcher un moment si émouvant? x)]

Ce matin là, Elenna était plutôt matinale. Ce n'était certainement pas le fait d'avoir cours qui la faisait se lever si tôt - aux aurores - mais la jeune étudiante voulait profiter de ce moment précis de la journée, où la plupart des étudiants étaient encore plongés dans un sommeil profond, pour aller faire un tour à l'extérieur, direction l'étang. En effet, commencer la journée par une petite balade sous un air frais en observant le soleil se lever aidait considérablement la jeune fille a aborder le reste de la journée sereinement. C'était une habitude qu'elle avait prise depuis son entrée à l'Académie. Et en somme un des seuls plaisirs qu'elle y trouvait dans cette dernière. Car, quoique l'on puisse dire, personne ne pouvait nier le fait que la vue sur l'étang était magnifique. Tout le monde le savait sans doute, mais peut-être que Elenny était plus apte à le remarquer que d'autres. Après tout, des paysages comme ça, ils devaient en voir tous les jours... mais pour elle, cela restait nouveau et elle avait toujours du mal à s'habituer à ce nouvel environnement. Elle était tellement habituée, depuis sa naissance, à vivre dans des lieux plus que délabrés et dans un environnement assez hostile.. Se retrouver du jour au lendemain avec un dortoir qui était plus grand que son ancienne maison était assez déstabilisant... bien que confortable elle devait l'avouer.

Cela faisait une bonne heure maintenant, et Elenna s'était allongée dans l'herbe, en face de l'étang, laissant ses pensées défilées dans son esprit comme bon leurs semblaient. Divers sujets lui traversaient l'esprit. Mais aucun d'entre eux ne faisait référence aux différents cours de la journée qu'elle allait manqué si elle restait là à somnoler.
Et bien entendue, elle finie par s'endormir dans les bras de Morphée.
Ce n'est que le bruit de l'orage qui la sortit de son sommeil, mais elle ne dédaigna toujours pas ouvrir les yeux. Il fallut que la pluie s'y mêle pour que l'étudiante se força à les ouvrir. Elle laissait les gouttes de pluies, se faisant de plus en plus fortes, se déposer sur son visage sans essayer d'y échapper. Elle n'aimait pas particulièrement la pluie, mais en cet instant précis cela ne la dérangeait pas. Peut-être était-ce parce qu'elle lui rappelait le passé, ce vieux temps où elle était encore contrainte de dormir dans la rue, les beaux jours tout comme les mauvais... Et peut-être qu'elle ressentait une sorte de nostalgie, maintenant que tout était différent d'avant... Un bref moment se déroula ainsi sans qu'elle ne se rende compte que le soleil avait maintenant parcouru un bon bout de chemin dans le ciel, et ce n'est que les cris lointains des étudiants qui courraient pour échapper à la pluie et pour rejoindre leur salle de classe qui lui donna enfin ce petit déclic.

*Le cours.*

Elle passa avec lassitude une main dans ses cheveux ruisselants. Elle regarda sa montre, qui lui indiquait qu'elle devrait déjà être sur le chemin de son premier cours de la journée, Langue Japonaise. Puis elle hésita un instant. La langue japonaise... une matière qui lui faisait broyer du noir. Avec tout le retard qu'elle avait accumulé en ne commençant les cours qu'à l'âge de 10 ans (et passons sous silence sa scolarité chaotique au lycée..).. Elenny soupira. C'était le premier cours, elle n'allait tout de même pas le sécher. Elle était paresseuse, certes, mais assez respectable pour au moins faire acte de présence et se présenter au professeur.

C'est alors que tout s'enchaina très vite. Oui parce que, décider d'aller en cours, c'est une chose, mais arriver à l'heure en était une autre. C'est donc avec un regain d'énergie que la jeune fille se releva, et se mit à courir en direction de son dortoir pour aller se changer. Elle se déshabilla, se sécha, et enfila son uniforme à une vitesse inhumaine. Elle prit son sac de cours (qui ne contenait qu'un cahier et un stylo, le strict minimum), une serviette de bain qu'elle posa sur ces cheveux, car il était trop tard pour se les sécher maintenant) et marcha d'un pas rapide en direction de sa classe de cours.

Enfin, c'est ce qu'elle pensait. Car la salle de cours devant laquelle elle se trouvait à l'instant lui indiquait tout, tout sauf qu'un cours de Langue Japonaise se déroulait à l'intérieur. Elle se risqua à jeter un coup d'oeil en entrebâillant la porte en silence, et s'aperçut bien vite que c'était un cours de mathématiques. Un frisson lui parcouru le dos à la vision du tableau remplit de signes, incompréhensibles pour elle, et referma la porte.
Au bout de dix minutes de recherches hasardeuses, elle commença à maudire intérieurement cette école. Pourquoi créer autant de salles si elles sont toujours vides?
Alors qu'elle arpentait les couloirs, son pas se fit de moins en moins pressé. Elle commençait à regretter sa décision de venir, et l'option d'arriver à l'heure au cours était maintenant rayé de la liste. Et puis, quitte à arriver en retard, autant prendre son temps. Cependant, c'est toujours quand on perd espoir que l'on trouve enfin ce que l'on cherche. Et ses pas l'avaient finalement mené devant la porte de sa salle de cours.

Elle respira un bon coup, avant d'entrouvrir la porte silencieusement. C'est qu'elle ne s'attendait pas à trouver une classe .. plutôt vide. Il n'y avait que deux personnes, une qu'elle identifia comme étant le professeur, et une autre qui était un élève qu'elle n'avait jamais vu auparavant, ou plutôt qu'elle n'avait jamais remarqué. Elle le surprit à converser avec le professeur. Il espérait qu'il n'était pas une gêne... d'après ses dires.
Elle resta immobile un instant, devant la porte, une main sur sa serviette qui laissait entrevoir quelques mèches de ses cheveux encore humides, à les observer. Elle qui croyait arriver en plein cours avec une salle remplie d'élèves.. voilà qu'elle interrompait un semblant de conversation entre ces deux personnes. Elle ne tombait peut-être pas au bon moment... une excuse pour partir? Non, maintenant qu'elle était là, elle comptait bien rester, après tout ce mal pour trouver la salle...

Après un court moment où la jeune fille resta figé au seuil de la porte, elle se décida enfin à entrer dans la salle. En entrant dans cette dernière, elle se rendit compte qu'une atmosphère assez particulière enivrait la salle. Cette salle était comme ...chargée d'émotions. Elle ne l'expliquait pas, le ressentait. Après avoir observé la classe un instant, la jeune fille porta son regard vers le professeur et l'étudiant. Elle en était sûr maintenant, elle n'était vraiment pas arrivé au bon moment. Mais elle ne culpabilisa pas. Après tout ce n'était pas sa faute si elle avait surpris un brin de conversation. S'ils auraient voulu de l'intimité pour discuter, ce n'était surement pas avant un cours qu'il fallait le faire. Quoi qu'il en soit, Elenny inclina légèrement la tête envers eux en signe de salutations, et présenta ses excuses au professeur pour son retard. Même si aucun élève (à part un) n'était encore arrivé, le fait est qu'elle état tout de même en retard vu l'heure. Lorsqu'elle releva la tête, elle croisa le regard de l'étudiant et l'observa un instant. Bien qu'elle se demandait ce qui avait bien pu se passer entre ce professeur et cet élève avant son arrivée, sa curiosité s'estompa bien vite, son attention se portant désormais sur la place qu'elle allait choisir, ayant l'embarras du choix cette fois-ci. Elle dirigea naturellement son regard vers la place du fond de la salle près de la fenêtre mais se ravisa d'y aller. Elle était venue pour ne pas donner une mauvaise image d'elle dès le premier cours. Elle n'allait pas afficher ses mauvaises habitudes si tôt. Elle décida alors de s'assoir à une table située au milieu de la salle, à quelques mètres à peine de l'endroit où se trouvait le professeur et l'étudiant. Elle posa son sac sur la table en ne prenant pas la peine de sortir ses affaires, vu que le cours n'avait apparemment pas commencer. Avec un léger soupirement à peine perceptible, la jeune fille enleva sa serviette posée sur ces cheveux encore humides, et les frotta légèrement avec cette dernière pour accélérer la sèche, laissant en même temps ces pensées défilées dans son esprit.

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( HRP : Pas la peine d'attendre une réponse de ma part, je quitte le forum. Désolé. )