Petite poupée de chiffon, Lena se laissait balader par le flot d’élève autours d’elle, regardant ça et là si elle trouvait sa salle sans pour autant vraiment la chercher, la jeune fille avait l’esprit ailleurs, comme toujours bien sur mais aujourd’hui, c’était différent, tant de choses tourbillonnaient dans sa petite tête habituellement paisible, des vieux souvenirs qui refaisaient surface, son âme froide et inviolable qui lui soufflait par l’intermédiaire de sa conscience de laisser de côté ce masque de naïveté afin de montrer un peu la vrai Lena, celle que seule sa sœur connaissait, celle pour qui rien ne comptait sauf deux choses, Keira et la musique.
Enchainement de mélodies, de sons même infimes pour former quelque chose d’harmonieux, de simple ou de calme. La musique n’était pas, pour la jeune fille, un loisir imposant ou fastidieux, elle aimait jouer, apprendre à utiliser différents instruments et laisser guider son cœur, donner une touche d’humanité à chaque note afin que la mélodie devienne un rêve et que ce rêve emporte les gens loin de ce monde désolé. Cependant, cependant, une part d’elle-même voulait garder ces sensations de liberté pour elle et elle seule, afin de ne plus souffrir de l’absence de sa famille, du manque d’attention ou simplement du jugement rapide des autres mais elle n’avait pas à se plaindre après tout, chaque histoire est unique et la souffrance également.
Au détour d’un couloir, Lena se fit bousculée et se rattrapa au mur en remarquant qu’elle venait de se faire éjecter de la foule sans ménagement. Heureusement et miraculeusement, elle n’était pas tombée. Soupirant longuement, la jeune fille finit par entendre une mélodie étrange et inconnue qui titilla sa curiosité, du piano, c’était certain et quelqu’un de vraiment doué apparemment. Son visage se fendit d’un sourire adorable et elle entra silencieusement pour découvrir un homme aux cheveux mis-long couleur neige en train de jouer. Ne voulant pas que la musique cesse, Lena s’assit par terre avec le moins de bruit possible et ferma les yeux, savourant le son qui parvenait à ses oreilles alors qu’elle laissait son imagination prendre place.
Elle n’était plus dans cette pièce, dans l’Académie ou même au Japon, la jeune fille se trouvait dans un endroit inconnu où le ciel se confondait avec la terre, où il neigeait sans que la froideur ne vienne glacer ses membres, où le temps ne semblait pas avoir d’emprise, où il y avait le dos de cet inconnu et ses cheveux qui se fondaient avec le paysage comme s’il faisait partit du décor sans réellement y être figé. Intérieurement, Lena espérait que jamais la mélodie ne s’arrête mais il y avait une fin à tout, y compris aux rêves.